Partir... ou rester ? [LULAAAAA !!]

[Premier topic de RP, TADAAAAAAAM !! ]


Les derniers évènements étaient trop durs à accepter. La mort de son oncle, la folie de sa tante internée en hôpital psychiatrique, et la tentative de suicide de sa cousine Silvia... Trop de malheurs dans une vie jusque là paisible et tranquille, à voyager aux quatre coins du monde avec la troupe de cirque.

Les deniers mois avaient été difficiles pour tout le monde. La troupe avait arrêté de se produire, ils avaient besoin de temps pour se remettre et il valait mieux ne pas précipiter les choses.

Silvia, quant à elle, récupérait lentement mais sûrement à l'hôpital. Bien sûr, elle restera tétraplégique et sous respirateur à vie, mais petit à petit, elle s'adaptait à sa nouvelle vie, apprenait à parler correctement avec son respirateur et à accepter le fait qu'elle serait dépendante des autres pendant bien des années encore. Sa famille apprenait, avec l'aide des médecins, infirmières et aides-soignants de l'hôpital, à s'occuper d'elle. Lui donner à manger, la laver, la déplacer, ..., tant d'autres choses encore à apprendre pour que même chez elle, Silvia puisse continuer à vivre.

Malgré ce qu'elle montrait à sa famille, Marina était profondément bouleversée par ce qui se passait. Bien sûr, tout le monde l'était, mais elle plus que les autres. Elle avait toujours été très proche de Silvia, elles avaient beaucoup travaillé ensemble leur numéros de cirque, avaient toujours tout partagé. Jusqu'à ce que Silvia, volontairement, ne rattrape pas le trapèze et qu'elle tombe de plusieurs mètres, se blessant ainsi gravement et restant entre la vie et la mort pendant des semaines. Seule Lula, son autre cousine, savait ce qu'elle ressentait au fond d'elle : Marina se confiait beaucoup à elle, pleurait souvent dans ses bras. Tout cela était trop difficile à accepter. Pour Lula aussi d'ailleurs, mais elle avait toujours été plus forte et donc moins sensible.

Ensemble, elles avaient pris une décision importante : quitter la troupe pour poursuivre leurs études dans un lycée français. Rester dans la troupe engendrait trop de souffrances, trop de souvenirs. Mais toute la famille s'opposait à ce départ, personne ne voulait comprendre. Mais les deux jeunes filles étaient décidées.

Décidées ?

Pas tout à fait. Au fond d'elle, Marina doutait toujours. Elle avait peur de regretter d'être partie, peur de ne pas réussir à s'adapter à un nouveau mode de vie, peur de tellement de choses... Mais ça, elle n'en parlait même pas à Lula. Et pourtant, elle y pensait souvent.

Plus tôt dans la journée, Lula et elle étaient allées voir Silvia à l'hôpital. Même si elle allait mieux, c'était difficile de la savoir seule là-bas, et surtout, de savoir que les choses ne seront plus jamais comme avant. Et elles seront encore plus différentes si elle quittait la troupe.

A son retour, Marina était allée s'isoler dans sa caravane, celle qu'elle partageait avec ses deux cousines. Allongée sur son lit, la tête plongée dans son oreiller, elle laissait quelques larmes s'échapper de ses yeux couleur émeraude avant de venir s'échouer sur le tissu blanc. Tout se mélangeait dans sa tête... Rester... ou ne pas rester ? Partir... ou ne pas partir ? Quitter la troupe... ou ne pas la quitter ? Tant de questions qu'elle ne cessait de se poser sans cesse, à chaque minute, à chaque seconde même. Et plus elle y pensait, moins elle trouvait de solution. Et moins, elle trouvait de solution, plus elle y pensait. Elle tournait en rond, et cette idée lui était encore plus insupportable que tout le reste.

Fallait aller voir l'autre pleurnicharde de Marina... Parce que, de toute façon, si elle n'y allait pas, elle aurait une deuxième "presque morte" sur les bras... C'était ce que se disait Lula, pour dédramatiser, parce que sinon elle allait vraiment devenir folle. Déjà qu'elle était sûre de pas tourner bien rond dans sa tête. Donc, elle entra dans la caravane qui était aussi la sienne, nom de Dieu ! En voyant sa cousine assez troublée, elle ressortit aussitôt. Elle voulait faire une entrée plus fracassante, une qui voulait dire "mais ça suffit là !" Elle réouvrit donc la porte battante, en prenant bien soin de la claquer cette fois, de le faire violemment. Mauvaise idée ....

*Mais zut ! Ce truc a tenu des siècles et faut qu'il se pète juste quand c'est moi !*

"Bon, tu vas arrêter d'avoir l'air aussi... aussi... attends..."

Elle ramassa le bout de porte qui s'était fait la malle et essaya de le fixer, en se disant que là, maintenant, elle avait dû perdre toute crédibilité. Elle espérait au moins que son entrée en scène fracassante avait amusé son amie, à défaut d'appuyer tout le sérieux de la question. Bon... ce vieux morceau de bois ne semblait pas vouloir tenir, elle irait chercher du scotch plus tard. Pour l'instant, le problème était tout autre. Elle reposa sa défunte porte contre le mur, avec une délicatesse qui lui était étrangère et se tourna vers la Marina.

"Bon, reprenons... Maintenant tu te secoues et on va aller courir un peu, ou je sais pas, mais là, à force de t'isoler et de rester là comme ça, tu vas finir comme une grosse larve démoralisée ! Allez, mince quoi ! De toute façon, à la rentrée, toi et moi, on va dans un lycée, stable, et tout ce qui va avec. On sera loin de tout ça et à défaut d'être mieux, ce sera différent et c'est ça qui va t'aider !"

Son petit discours trop inutile à son goût terminé, Lula put réfléchir à ses paroles. Parler de ce lycée où elles allaient aller n'était peut-être pas la chose la plus judicieuse à faire. Elle aussi, elle était angoissée, ce serait différent de tout ce qu'elles avaient connu et puis, on ne lâchait pas ses problèmes parce qu'on allait ailleurs. Mais là, elles se devaient de passer à autre chose pour ne pas déprimer complètement. C'était ce que la jeune fille se disait. Evidemment, être séparée de ses frères et soeurs ne l'enchantait pas vraiment, mais ils ne pouvaient pas tous aller là-bas, ne serait-ce que pour une question de budget. En même temps, elle ne pouvait qu'être optimiste sur l'idée de prendre un peu de distance.

Et bien, manque de chance ma chère Lula, ton entrée fracassante n'aura sans doute pas eu l'effet escompté. Entendant d'abord quelqu'un entrer dans la caravane, Marina ne bougea pas d'un poil. Sans doute Lula qui allait encore une fois s'énerver, à la voir se morfondre ainsi... Cependant, en entendant la porte se refermer et se réouvrir dans un grand fracas, Marina leva finalement la tête. Et si... et si c'était un intrus ? Un méchant monsieur qui venait pour lui faire du mal ?! Et pourtant non, ce n'était que Lula qui avait bousillé la porte de la caravane... N'esquissant même pas le moindre sourire, Marina se rallongea, sur le dos cette fois, et regarda le plafond.

Et bingo. Lula allait encore lui faire la morale parce qu'elle était seule dans la caravane, en train de déprimer. Combien de fois lui avait-elle fait le coup de la "grosse larve démoralisée" ?

"Tu sais ce qu'elle te dit la grosse larve ?"

Et oui ma chère petite Lula, aller dans un lycée inconnu, avec des gens inconnu, dans un endroit inconnu n'était pas aussi simple...

"Elle te dit qu'elle est déjà démoralisée et qu'elle a envie qu'on la laisse tranquille !"

Si c'était pour entendre de telles choses, alors oui, elle préférait qu'on la laisse tranquille. Qu'on la laisse trouver une solution à tout cela. Alors, pour appuyer ses paroles, Marina se tourna sur le côté, face au mur. Elle adorait Lula, mais pas quand elle était comme ça. Pas quand elle ne la comprenait rien et que, pire encore, elle n'acceptait pas ses réactions. C'était trop... douloureux. Oui, douloureux. Alors qu'elles avaient toujours su se comprendre, voilà que maintenant, ce n'était plus le cas. La faute à qui ? "La mienne", se disait Marina, "comme d'habitude". Elle n'avait déjà pas su aider Silvia qui avait fait une tentative de suicide, et maintenant, elle était incapable d'aller bien, de prendre des décisions et de retrouver la joie de vivre.

"Y en a d'autre qui ont eu envie qu'on les laisse tranquille hein..."

Oui, la jeune fille se rappelait comme Silvia s'était très vite remise. Comme elle avait prétendu qu'un peu d'isolement lui ferait le plus grand bien et comme finalement, les résultats de sa négligence avaient conduit Lula à voir sa cousine dans un état qu'elle n'aurait jamais imaginé. Alors pas question que ça recommence avec toutes les personnes qui lui tenaient à coeur ! En s'imposant comme grande soeur des deux autres filles, elle s'était engagée intérieurement à ne plus jamais les laisser tomber. Ce qui impliquer veiller à leur survie, que ça leur plaise, ou pas. Elle s'arma donc de patience et alla s'asseoir à côté de Marina qui chouinait.

"Nina..., disait-elle avec une voix douce, dis-moi que je pourrai revoir ton beau sourire un jour..."

Non, elle n'aimait pas être comme ça. A être trop douce, elle allait se transformer au moins autant en guimauve que sa chère cousine. Et là, il ne fallait pas qu'il y ait deux guimauves, mais une guimauve et un bâton pour tenir la guimauve. Lula devait faire office de bâton. Elle se releva tout d'un coup et lui déclara :

"J'ai atteint mon quota de phrases gentillettes ! Maintenant, lève-toi et marche ! Zut à la fin ! T'as l'impression d'évoluer là ? Faut te bouger un petit peu ! Allez viens, on va faire quelque chose ! N'importe quoi, mais quelque chose..."

*Toute cette histoire craint vraiment ...*

Elle se sentait impuissante et elle avait horreur de ça. Elle passerait peut-être pour un coeur de pierre, mais tant pis : elle tendit les mains vers Marina et si jamais elle ne les saisissait pas, elle la ferait glisser vers elle, quitte à la faire tomber. C'était juste histoire qu'elle décolle de son oreiller. Les oreiller c'était le diable pour les déprimés, il les tentait et finalement ne leur faisait aucun bien. Mais sans vraiment penser à la réussite de son action, elle se retourna en entendant une voix. Estrella, six ans, sa nièce.

"Pourquoi tu cries ?"

"Je crie pas !!!"

"Bon... y a un marchand de pizzas dans une camionnette qui voyage. Maman m'a dit que je le dis parce que si vous voulez des pizzas. Bon ! Moi je vais jouer, maintenant !"

"Ne parle pas de Silvia comme ça s'il te plaît, la pauvre..."


Marina n'avait pas du tout apprécié la légèreté du ton avec lequel Lula avait prononcé cette phrase. Silvia avait failli mourir et était handicapée à vie, il ne fallait pas plaisanter avec ça, bon sang !! C'était... irrespectueux, voilà ce que c'était. Mais Marina avait bien trop le moral dans les chaussettes pour en vouloir à sa cousine, et puis, en vouloir à quelqu'un n'avait jamais aidé les choses à aller mieux. Alors pourquoi perdre son temps pour des gamineries ?
Un peu étonnée, Marina laissa Lula s'asseoir à côté d'elle. Quoi ? C'était elle qui venait de parler d'une voix aussi douce ? Oui oui, c'était bien sa voix...
Son joli sourire ? Quel joli sourire ? Ah oui... Celui qui éclairait si souvent son visage avant que tout ça n'arrive. Avant que la vie de la troupe ne soit chamboulée par un mort, une folle et une suicidaire. Avant qu'elle ne voie sa cousine dans le coma et qu'elle n'apprenne que plus jamais elle ne pourra marcher, manger, courir, faire du cirque, ni même respirer, normalement.
Sans se retourner, elle répondit à sa cousine d'une voix toujours aussi plate et monotone. Même si Lula s'était montrée étonnamment douce sur ce coup, le moral de Marina restait au plus bas.


"Un jour... Peut-être."


Charmante comparaison que celle de la guimauve et du bâton. Très imagée mais surtout très vraie... Parce que c'était en guimauve que se transformait Marina. A chaque fois qu'elle revenait de l'hôpital où elle allait voir Silvia, elle se mettait en mode dépression jusqu'au lendemain matin. Lula ne l'avait-elle toujours pas compris ?


"Faire quoi ? Laisse-moi tranquille Lula... Si j'ai pas envie de me bouger, c'est mon problème."


Et toc. Seulement, Lula risquait de ne pas trop apprécier cette réponse. Tant pis ! De toute façon, Marina ne voyait pas tellement ce qu'elle pouvait dire d'autre. Elle n'avait pas envie de faire croire que tout allait bien alors que ce n'était pas le cas. Parce que premièrement, c'était trop difficile, et se cacher pouvait conduire à aller vraiment mal et faire une tentative de suicide ne faisait pas vraiment partie de ses plans.
Quoi qu'il en soit, la douceur de Lula disparut aussi vite qu'elle n'était apparue, comme le montra sa façon de parler à sa nièce. La pauvre, elle n'avait rien demandé ! Une fois la gamine partie, Marina se tourna vers sa cousine.


"J'vais me prendre une pizza... On partage ?"


Déjà, elle se levait pour aller commander au monsieur qui état là mais petit problème technique : des fourmis dans le pied. Et vu qu'elle s'était levée précipitamment, son pied ne put pas tenir sous son poids et...
BOUM !
Elle s'écroula sur le sol de la caravane, donnant un coup à Lula au passage, et se cognant à un meuble par la même occasion.


"Aïe, la vache..."

En effet, en entendant le mot "pizza", Marina n'avait pas pu songer à rester allongée ici alors qu'une part de pizza l'attendait à quelques mètres de là à peine. Marina ? Gourmande ? Non non, pas du tout ^^'. Même si elle faisait habituellement attention à sa ligne, elle ne put résister à la tentation et était sur le point d'aller réclamer sa part de nourriture quand elle se retrouva soudainement au sol.


"Ouais... ça va, merci..."


A quoi cela était dû ? A de simples fourmis, liée au fait qu'elle n'avait pas bougé le pied pendant longtemps. Quoi qu'il en soit, elle accepta bien volontiers l'aide de sa cousine pour se relever car en plus, elle avait toujours des fourmis dans le pied et ne pouvait pas vraiment s'appuyer dessus. Prenant donc appui sur Lula, elle s'assit sur son lit et prit son pied dans sa main pour essayer de le faire un peu bouger et faire partir ces satanées fourmis.


"Hey... Doucement les questions, por favor. Pour te répondre : j'ai des fourmis dans le pied, je veux bien une part de pizza quatre fromages, je me suis explosée le genou en tombant alors oui, je veux bien de la glace s'il te plaît."


Non, ce n'était pas bien grave, mais elle préférait éviter une grosse bosse tout de même... Mais c'était étonnant de voir Lula dans un tel état, Marina ne pouvait que l'admettre. Et comme cette chute ne lui avait pas mais alors pas du tout remonté le moral, aussitôt sa cousine sortie de la caravane, elle s'allongea de nouveau sur son lit, songeant à tout ce qui la chagrinait ces temps-ci.